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voir Délima se lever de table tout agitée et partir de l’appartement.

Madame Martel la suivit avec précipitation. Après qu’Armand et le maître de la maison eurent attendu quelques instants, passés à se regarder l’un et l’autre, celui-ci dit philosophiquement :

— Nous ferons aussi bien de commencer, ou tout va refroidir. Vous allez verser le thé, M. Durand, et je mettrai le lait et le sucre.

Lorsque madame Martel revint, elle avait une figure et une contenance très graves ; elle les trouva qui se servaient librement de toasts chauds et de roast-beef froid.

— Ah ça ! ma femme, où est la petite ? demanda M. Martel, — car c’est ainsi qu’il appelait ordinairement Délima.

— Elle est malade et attristée, soupira l’hôtesse en regardant solennellement le plafond et son mari avec indignation.

Celui-ci était à se servir un autre toast.

— Peut-être, dit-il, que le pâté aux pommes que nous avons mangé au dîner lui est resté sur l’estomac. Je l’ai trouvé moi-même un peu lourd.

— Si tu avais eu moins d’occupations avec ce pâté, avec ton couteau et ta fourchette, André Martel, tu te serais aperçu qu’elle n’y a pas même touché, répliqua la bonne femme en lançant un regard menaçant à son époux qui, ignorant avoir encouru sa colère, continua son repas de bon appétit.

Peu de temps après, Armand se leva de