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était d’ordinaire calme et peu démonstratif, l’était encore plus en cette circonstance. De fait, cette froideur de la part de son père modéra l’impétuosité avec laquelle le jeune homme s’avançait vers lui, et il en fut si profondément blessé, que ses manières et sa conversation en reçurent un malaise et une gêne que le père remarqua de suite et qui, malgré lui, lui déplurent. La conversation qui suivit fut languissante : on lui exprima des craintes sarcastiques sur ce qu’il pourrait peut-être trouver sa promenade à la campagne très-ennuyeuse, lui habitué à la joyeuse vie de la ville, sur le doute où il était quant à l’utilité ou à la sagesse de faire étudier des professions aux jeunes gens qui n’étaient pas persévérants de caractère.

— Mais, père, pourquoi dites vous cela avec tant de solennité ? demanda vivement Armand. Sur quoi s’appuie-t-on pour m’accuser de manquer de persévérance ?

— Eh ! bien, mon fils, cette idée-là m’est peut-être venue à propos des lettres que tu as envoyées depuis quelque temps à Paul et dont il nous disait régulièrement la lecture, répondit il sèchement.

— Mais, est-ce qu’elles contenaient quelque chose de défendu, quelque chose de mal ?

— Voici ce qui en est, mon fils. Tes lettres ne parlaient que joie, fêtes et réjouissances, pendant que tu oubliais ton vieux père qui te fournit l’argent pour te joindre à toutes ces parties de plaisir, ton vieux père étendu malade sur un lit, en proie aux douleurs les plus atroces et au découragement.