Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
151

Et Paul Durand fut introduit dans la chambre.

En entrant il pouvait à peine voir ou être vu à travers les épais nuages de fumée de tabac qui remplissaient l’appartement, mais il sentit sa main empoignée par Armand. Le chanteur descendit de son orchestre improvisé, et les danseurs, hors d’haleine, s’arrêtèrent.

On exprima à Paul de sincères regrets sur la disparition complète des huîtres, mais on lui offrit du contenu des bouteilles noires que Lespérance appelait « des gouttes de consolation », et on lui procura une pipe bien bourrée.

Armand, s’apercevant que le vacarme allait recommencer, demanda la permission de se retirer avec son frère, parcequ’ils avaient beaucoup à se dire. On lui accorda sa demande, et après de bruyants « bonsoirs et adieux », les deux frères descendirent les escaliers et prirent la route de la maison Martel. Il faisait un brillant clair de lune, et la neige criait agréablement sous leurs pieds.

— Tu m’as l’air d’être entré dans une bande de bons vivants ! dit sèchement Paul.

— C’est la première veillée que je passe avec eux et je ne crois pas que je sois pressé d’en essayer une autre, car je ne puis supporter une gaieté aussi bruyante. J’en ai déjà mal à la tête !

— Pouah ! ce n’est pas étonnant ! dit Paul en toussant, un antre aussi misérable et aus-