Il n’y avait rien de sentimental ni d’affecté dans le calme accent dont elle faisait cette réponse, et Paul se mit à la considérer en silence. Les rayons dorés du soleil, perçant à travers les branches des arbres, illuminaient son visage ovale et délicat, ses grands yeux empreints de douceur, et quoique de sa vie il n’eût jamais lu de romans, il sentit le charme magique de la scène et de la situation aussi vivement que s’il eut parcouru une demi-douzaine de volumes par semaine.
Son examen fut long et minutieux, enveloppant chaque trait, chaque détail, même les petits doigts effilés qui retournaient machinalement les feuilles du livre qu’elle tenait encore entre ses mains et sur lequel ses yeux étaient restés attachés ; puis il se dit à lui-même :
— Comment ! une telle jeune fille incapable de se marier faute de dot ! Ah ! madame Lubois, nous verrons bien.
Avec la courtoisie et l’aisance de manières que possède généralement le cultivateur Canadien, quel que pauvre et illettré qu’il soit, il s’assit à ses côtés sur le banc du jardin.
Et maintenant, si le lecteur a anticipé ou redouté une scène d’amour, nous nous hâtons de l’assurer qu’il a eu tort, et nous nous contenterons de dire que lorsque Paul Durand et Geneviève revinrent lentement à la maison, une demi-heure après, ils étaient fiancés. La vive rougeur répandue sur le visage de la jeune fille et l’éclat de ses yeux disaient son bonheur et son émotion ; dans l’attitude de