certaine qu’en cas de provocation elle serait certainement mise à exécution, madame de Beauvoir, avons-nous dit, avait reçu assez poliment son invité ; M. de Courval lui avait adressé quelques paroles aimables, et Gertrude qui était entourée d’un cercle d’admirateurs, l’avait salué d’une manière souriante et affable.
Ce fut avec un sentiment d’excessif soulagement qu’Armand se glissa dans un coin isolé, près d’une porte. En se mettant à son aise dans cette position, il prit en lui-même la résolution de ne point quitter ce port de salut, excepté pour se sauver s’il était serré de trop près. Il tira à lui une petite table sur laquelle se trouvaient empilés des gravures et des portraits, afin de se donner une contenance dans le cas où il surviendrait quelque chose propre à le déconcerter.
— Tiens, Armand ! comment vas-tu, s’écria tout-à-coup près de lui une voix amie. Dans quel trou t’es-tu donc mis depuis quelque temps, que je n’ai pu te trouver ?
— Dans le bureau de M. Lahaise, rue St. Vincent.
— À tout prendre, ce n’est pas une trop mauvaise place ; puisque tu t’es décidé à devenir ou juge ou homme d’État, tu dois, comme de raison, commencer par la première marche qui conduit à ces deux positions. Bien, tu réussiras. Tu as de la tête et de la constance : deux qualités essentielles dans la carrière que tu as embrassée comme dans beaucoup d’autres.