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invitation à une soirée chez M. de Courval. Il était loin de soupçonner la discussion qui avait eu lieu à son sujet, entre M. de Courval et madame de Beauvoir, avant l’arrivée de cette invitation. Il se décida à y aller, mais non sans lutter avec sa modestie naturelle ; une fois sa décision prise, il ne perdit point de temps et commanda à un marchand compétent tout ce dont il pouvait avoir besoin pour une circonstance aussi importante.

Enfin cette soirée qu’il désirait et redoutait en même temps arriva, et notre héros, dont le cœur palpitait, entra pour la première fois dans une salle de bal. Tout d’abord les flots de lumières, la musique, les joyeuses figures, les gracieuses toilettes, le tourbillonnement des danseurs l’éblouirent, mais il se remit bientôt et rassembla son courage pour aller saluer madame de Beauvoir. Superbe dans sa riche et coûteuse toilette, cette dame était inclinée dans une posture gracieuse sur un sofa, souriant à chacun avec une aimable affabilité, et se donnant très peu de trouble à part celui d’amuser ses invités. Elle reçut le jeune Durand d’une manière froide mais polie, ce qui était probablement dû à une menace de Gertrude qui, en entendant sa mère déclarer qu’elle recevrait le protégé campagnard de M. de Courval de telle manière qu’il n’aurait plus envie d’y revenir, lui avait annoncé que pour réparer ces mépris et ces froideurs envers Durand, elle passerait toute la veillée à flirter avec lui.

Ayant cette menace devant les yeux, et