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rapide coup-d’œil sur elle fut qu’elle était gracieuse de taile et extrêmement bien mise. Cependant, au souper, madame Martel la lui présenta.

— Ma cousine Délima Laurin, dit-elle, qui vient demeurer ici quelques jours pour m’aider dans ma couture.

Armand la regarda avec assez d’insouciance. Ses traits étaient délicats, elle avait des cheveux noirs comme le jais, des yeux superbes, une figure d’une symétrie parfaite, qu’une élégante toilette faisait ressortir davantage : cette toilette était encore plus surprenante que sa grande beauté, chez une personne de sa condition. Malgré tout cela, cependant, lorsque le repas fut fini, sans s’arrêter un instant et sans montrer la moindre contrariété et le moindre regret, il monta à sa petite chambre où il tint compagnie à Pothier et autres illustrations du Droit.

Quelques semaines après, Délima était encore chez madame Martel, toujours occupée à la couture, et aussi tranquille et réservée qu’il était possible de l’être. Malgré sa grande beauté, son apparence distinguée et la timide douceur de ses manières, Armand ne lui consacra qu’une bien petite part de ses pensées, probablement parce que, ayant vu Gertrude de Beauvoir la première, celle-ci était devenue pour lui, avec sa grâce patricienne et ses caprices fascinateurs, le type d’après lequel il jugeait les autres femmes.

Ce fut avec un sentiment mêlé de satisfaction et d’embarras qu’il reçut un jour une