Malgré les changements qui s’étaient opérés dans les dernières années et qui avaient fait de la fantasque, volontaire et insouciante enfant de quinze ans une élégante et noble jeune fille, il la reconnut au premier coup d’œil ; et en lisant dans ses regards l’évidente admiration qu’elle éprouvait pour, le discours qu’il venait faire, il sentit son cœur palpiter d’émotion.
Le même sentiment se reflétait aussi sur la figure de M. de Courval. Quant à madame de Beauvoir, superbe d’indifférence, elle écoutait d’un air approbateur de Montenay qui, penché vers elle, un sourire moqueur sur sa jolie figure, se plaisait évidemment à lancer quelques sarcastiques traits d’esprit.
— Quel splendide jeune homme ! dit avec chaleur M. de Courval en se tournant vers le petit groupe. Comme son père et nous gens d’Alonville devons nous enorgueillir de lui. Quelle éloquence entraînante, quels gestes gracieux, et puis quels honneurs il a remportés !
— A cui buono ? répondit de Montenay avec un léger mouvement d’épaules. Il peut y avoir similitude de mots entre racines grecques et latines, et racines de jardins et des champs, mais il n’y a point d’autre analogie entr’elles. Est-ce que la connaissance des classiques lui sera d’un grand secours pour faire pousser un champ de trèfle ? est-ce que la versification lui enseignera comment arrêter les ravages des mouches à blé ?
— Je ne vois pas du tout pourquoi il retour-