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rebelle de son aîné qui se tenait menaçant devant la gouvernante et informait celle-ci qu’il n’apprendrait plus rien d’elle, parceque sa mère avait souvent dit qu’elle était incapable de les instruire, qu’elle ne savait comment diriger ou élever les enfants.

Avec une merveilleuse douceur la jeune fille répondait que, lors même que madame Lubois aurait dit cela, il devait apprendre d’elle et lui obéir jusqu’à ce que sa mère se fût procuré une autre gouvernante, et que le devoir la forçait d’insister pour qu’il apprît ses leçons dans lesquelles il était arriéré.

— C’est votre faute ! criait le petit rebelle. Maman dit que nous n’apprendrons jamais rien tant que nous n’aurons pas de précepteur et qu’elle va nous en amener un demain ; seulement, elle ne sait que faire de vous. Personne ne vous mariera, car vous n’avez pas de dot.

Paul était d’une tolérance excessive pour les espiègleries des enfants. Peu de prairies étaient aussi envahies que les siennes par les petits voleurs de fraises et peu de pruniers aussi impunément dépouillés de leurs fruits, et souvent ses voisins le prenaient à partie parceque sa trop grande indulgence avait un effet démoralisateur sur la jeunesse du village ; mais à toutes ces remontrances il répondait qu’ils ne devaient pas oublier qu’ils avaient été enfants, eux aussi. Cependant, cette fois, il ferma ses mains avec violence, pendant qu’une interjection qu’il vaut mieux ne pas répéter ici s’échappa de ses lèvres.