Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vii

ouvrages, il y en avait encore davantage à l’écouter parler. Elle possédait au plus haut degré l’art de la conversation, et elle savait l’amener sur des sujets sérieux et d’un ordre élevé, sur des questions de morale, d’art et de littérature, sans qu’on pût y trouver la moindre teinte d’affectation ou de pédantisme. Son esprit vraiment supérieur, tout en lui inspirant de répandre autour d’elle le feu sacré, la faisait, dans l’expansion de son enthousiasme, rester simple et naturelle.

Elle aimait la langue française et la possédait aussi parfaitement que sa langue maternelle. Son goût en musique était des plus cultivés. Son âme poétique se plaisait dans la contemplation de la nature, et la vue des magnifiques paysages du Canada lui a inspiré de très belles descriptions.

La bonté et l’affabilité faisaient le fond de son caractère, et se lisaient dans sa physionomie belle et singulièrement expressive. Ceux qui ont vécu dans son intimité peuvent dire ce que son cœur renfermait d’affection, de délicatesse et de dévouement Les pauvres savent combien elle était sensible aux malheurs de l’indigence ; ses amis se rappellent et se rappelleront à jamais les exemples de vertu chrétienne qu’elle donnait tous les jours. Sa vie pure a été couronnée par la mort des justes. Elle a vu venir le moment fatal sans effroi, et, frappée à un âge encore peu avancé, elle a généreusement fait le sacrifice de sa vie. Calme et sereine au milieu de la désolation des siens, elle leur faisait ses dernières recommandations et ses adieux, et se joignait aux prières qu’on récitait pour elle. C’est dans les plus admirables sentiments de foi et de piété qu’elle a rendu son âme à Dieu.