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Complètement prise au dépourvu, indignée outre mesure de se voir imposer aussi arbitrairement la compagnie d’un homme si peu bienveillant, Antoinette recula d’un pas et déclara avec énergie qu’elle ne voulait pas consentir à un tel arrangement, “ que les chevaux du colonel semblaient être trop fougueux. ”

D’un mouvement presqu’imperceptile de lèvres, le colonel Evelyn s’empressa de l’assurer que ses coursiers, quoique pleins de feu, étaient cependant parfaitement rompus. Pendant ce temps-là, madame d’Aulnay s’était approchée d’elle et lui murmurait impétueusement aux oreilles :

— Veux-tu donc l’insulter publiquement ? Acceptes de suite.

Antoinette se rendit donc malgré elle à l’injonction qui lui était faite. Pendant que le colonel arrangeait soigneusement les riches fourrures de la voiture autour d’elle, il ne put s’empêcher de se dire :

— Quelle comédie ! Quelques jeunes qu’elles soient, quelques sincères qu’elles paraissent être, elles se ressemblent toutes.

Pendant qu’il faisait reculer ses chevaux afin de permettre au major Sternfield — qui, en voyant ces arrangements, commençait à regretter sa démarche — et à madame d’Aulnay de prendre les devants, celle-ci insista pour qu’il gardât la tête, déclarant que ses magnifiques coursiers étaient précisément ce qu’il y avait de mieux pour ouvrir la procession.