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ques uns des galants cavaliers qui venaient s’informer de sa santé. Tout à coup, elle vit le major Sternfield s’approcher d’elle et lui demander avec insistance de l’accompagner dans sa carriole, attendu qu’il avait à lui communiquer des choses de grande importance. Le fait est qu’il avait une hâte impatiente de connaître la raison pour laquelle Antoinette avait refusé de le recevoir la veille, aussi bien que de savoir la cause de ce chagrin dont Justine avait parlé.

Madame d’Aulnay accorda volontiers la demande qui lui était faite : elle n’était pas fâchée, d’un autre côté, d’infliger une bonne fois un petit châtiment à ce misanthrope colonel qui semblait considérer comme une lourde charge de l’avoir dans sa voiture. Cependant, comme elle avait préalablement arrêté qu’Antoinette et le major Sternfield seraient de compagnie pendant qu’avec le colonel Evelyn elle ouvrirait la marche, elle se trouva un peu embarrassée en voyant ses plans dérangés.

Après un moment de réflexion, elle se tourna vers le colonel et lui dit, un joli sourire sur les lèvres que le major Sternfield s’étant reposé sur sa charité, elle ne pouvait faire autrement que de le recevoir dans son petit équipage à elle.

— Mais voici mon substitut, continua-t-elle en poussant tout-à-coup en avant la jeune Antoinette qui, depuis quelques instants, était occupée à regarder autour d’elle avec une préoccupation qu’on ne voyait guère souvent sur sa douce figure.