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VIII.


Une brillante cavalcade de chevaux bondissants et de voitures richement décorées s’arrêtait le lendemain, vers midi, devant la maison de madame d’Aulnay. Le magnifique équipage du colonel Evelyn s’y faisait surtout remarquer ; le colonel lui-même se tenait près de sa monture, et l’air ennuyé et contraint répandu sur sa figure indiquait clairement qu’il se trouvait là contre son gré.

Tout ce monde élégant riait, caquetait et semblait dominé par la plus charmante gaieté, lorsque tout-à-coup la porte de la maison s’ouvrit, et la jolie madame d’Aulnay en sortit radieuse, distribuant de tous côtés des saluts et des sourires pleins d’amitié. À sa suite venait Antoinette. La fraîche et naïve gaieté de la jeune fille paraissait singulièrement assombrie, mais ce changement ne la rendit que plus belle aux yeux d’un grand nombre.

Comme madame d’Aulnay posait le pied sur le trottoir, le colonel Evelyn s’approcha d’elle et d’une voix dans laquelle il s’efforça vainement de faire paraître de l’empressement, il lui demanda de vouloir bien honorer sa voiture en y prenant place près de lui.

Elle fit en souriant agréablement un léger signe d’assentiment, puis se retourna pour répondre à quel-