Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résonner harmonieusement les clochettes attachées à leur harnais.

Il est inutile de dire que ce féerique équipage attendait madame d’Aulnay et Antoinette qui étaient en ce moment dans la chambre de Lucille mettant la dernière main à leur élégante toilette d’hiver. Sur une chaise se trouvait une paire de gantelets dont la jolie jeune femme s’empara en disant :

— Tu peux te reposer en toute sûreté sur mon habileté, Antoinette, car j’ai la main habile, et mes petits chevaux, quoique paraissant rétifs, sont parfaitement bien dressés.

On peut voir par ces quelques mots, que madame d’Aulnay, parmi ses qualités, comptait celle de conduire deux chevaux de front, et quoique peu de dames, à cette époque, recherchassent ce talent, madame d’Aulnay était à la tête de la fashion et faisait comme bon lui semblait.

— Sais-tu, petite cousine, continua-t-elle en se regardant avec complaisance dans la glace, sais-tu que ces sombres fourrures nous vont à merveille : elle s’harmonisent bien avec mon teint pâle, et elles font ressortir à ravir tes joues roses… Mais, qu’est-ce que cela, Jeanne ? demande-t-elle en s’interrompant dans ses éloges et en s’adressant à une femme d’âge moyen qui entrait en ce moment, portant deux lettres à la main.

— Pour mademoiselle Antoinette, madame, dit-elle,