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IV.


C’était la veille de la Sainte Catherine, ce jour noté de temps immémorial chez les Canadiens, dans la maisonnette de l’habitant aussi bien que dans le Manoir du seigneur, par une franche gaieté et des fêtes innocentes et qui correspond à l’Hallow-E’en des Anglais.

Ce soir-là, la maison de madame d’Aulnay, brillamment illuminée, retentissait des gais accords d’une contre-danse et d’un cotillon. Ses magnifiques salons remplis d’uniformes étincelants, de robes légères et élégantes, présentaient un coup-d’œil brillant et animé.

Gracieusement appuyée sur le manteau de la cheminée dont le feu pétillant jetait un nouvel éclat sur ses traits réellement beaux, madame d’Aulnay causait avec un homme grand, de belle apparence, dont le teint clair et les yeux bleus foncés indiquaient l’origine anglo saxonne. Pour produire de l’effet, la jeune femme avait mis en œuvre toute l’artillerie de ses charmes, des regards expressifs, des sourires fascinateurs et une voix légèrement modulée ; mais quoiqu’il se montrât poli et attentif, elle se crut autorisée à penser qu’elle n’avait fait sur lui qu’une bien faible impression : pour elle, qui était d’ordinaire tant