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XXXIII.


Pendant que la jeune femme gisait sur son lit de douleur, insensible à tout ce qui se passait autour d’elle et luttant avec toute l’énergie de la jeunesse contre la maladie et la mort, les dépouilles mortelles du beau major Sternfield étaient confiées à leur dernière demeure.

Les mauvaises langues s’en donnèrent à cœur joie avec le nom d’Audley et celui de la malheureuse Antoinette, et si celle-ci avait eu connaissance de la moitié seulement des histoires erronées que la malice inventait et que répétait la légèreté, sa convalescence ne se serait probablement jamais opérée. Toute allusion de cette nature fut soigneusement éliminée, et on usa de soins extraordinaires, d’une grande habileté médicale pour son rétablissement, si bien qu’après huit jours d’anxiétés elle fut déclarée hors de danger. Elle était cependant extraordinairement faible, et celles de ses amies qui furent admises auprès d’elle ne manquèrent pas de hocher la tête et de se dire les unes aux autres que jamais elle ne reviendrait entièrement à la santé.

À la première nouvelle de la maladie de sa fille, M. de Mirecourt était accouru à Montréal. Quels qu’eussent été ses premiers sentiments d’indignation et de honte en apprenant la funeste histoire de son ma-