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celle-ci ne partît de Valmont. La bonne mère se serait volontiers chargée de cette tâche, si les deux ou trois tentatives inutiles qu’elle avait déjà faites dans ce sens ne lui eussent fait craindre que celle-ci aurait le même sort.

Corinne accepta, quoique avec répugnance, la délicate mission qu’on lui confiait, et un matin elle entra dans la salle à dîner où Arthur, toujours très-matinal, était à lire.

Le jeune de Mirecourt l’écouta très-patiemment, car ses manières dénotaient plus de bienveillance qu’à l’ordinaire. Elle renchérit sur les mérites de Louise, fit valoir les espérances que Mademoiselle de Niverville et ses amis avaient probablement fondées sur les attentions qu’il lui avait portées, et montra le bonheur qu’aurait sa tendre mère de voir se réaliser enfin les plus chers désirs de son cœur.

L’éloquence paisible mais persuasive avec laquelle elle parla surprit et convainquit presque Arthur qui ne se rendit pas cependant. Il répondit en riant qu’il avait du temps devant lui, que les invités de la maison devaient aller faire une promenade en voiture durant la même relevée, et que, comme il avait l’intention de conduire Mademoiselle de Niverville, il aurait alors une occasion très-favorable pour remplir l’attente générale. Voyant que Corinne devenait plus pressante, il s’empara de sa main, et poursuivit sur un ton plus sérieux :