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XXX.


Madame d’Aulnay n’obtint pas aussi tôt qu’elle l’avait espéré la bonne fortune de mettre ses desseins à exécution, car plusieurs jours s’écoulèrent sans que le militaire renouvelât sa visite ; et pendant qu’elle s’en étonnait et tempêtait, Antoinette maigrissait et devenait tous les jours plus pâle. Le docteur Manby qui, sans avoir été formellement choisi pour médecin de la jeune fille, prenait la liberté de la questionner et de lui donner des prescriptions à chacune de ses fréquentes visites, commençait à concevoir de l’inquiétude.

Un jour qu’il se trouvait seul avec la dame de la maison, il la prit à partie serrée pour savoir d’elle la cause de la rapidité avec laquelle déclinait la santé de sa jeune amie.

— Mais, docteur, que puis-je faire ? répondit-elle avec un peu d’humeur. C’est vous qui, comme médecin, devriez être capable de suggérer ou de prescrire quelque chose qui lui serait d’un grand secours.

— Ainsi pourrais-je et voudrais-je faire, madame, si c’était un cas ordinaire ; mais, malheureusement, il n’en est pas ainsi. C’est l’esprit qui est malade chez elle, et vous devriez employer tous vos efforts à l’égayer et la consoler.

— Mais, je vous le demande encore une fois, que