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Non, cela ne me va pas autant qu’il te convient. Mais, laisse moi te féliciter sur ton tact ; tu deviens véritablement diplomate, Antoinette.

Sans paraître remarquer la raillerie contenue dans ces dernières paroles, elle reprit :

— Avez-vous encore quelque chose à me dire ? car il faut que je rentre ; j’attends mon père ce soir, peut-être même va-t-il arriver d’un moment à l’autre.

— Il n’y a pas de crainte à avoir sur ce point. Dans l’espèce d’auberge où je me suis arrêté hier soir, on m’a dit qu’il était absent et que probablement il ne reviendrait pas avant demain, en raison des mauvais chemins.

— Croyez-moi, vous faites erreur, il peut être ici ce soir. Dans tous les cas, nous nous sommes dit tout ce que nous avions à nous dire ; je n’ai pas de phrases mielleuses à prononcer, et si vous en avez pour moi, elles ne seraient que bien mal-venues. Ainsi…

— Ne crains-tu pas de te faire un compte terrible pour un jour à venir ? interrompit-il d’une voix menaçante. Crois-tu donc que les outrages et le fier dédain d’Antoinette de Mirecourt ne pourront pas être rappelés, plus tard, à madame Audley Sternfield ?

— Très-probablement : j’en ai eu assez, Audley, pour croire que vous n’épargnerez pas plus votre femme que vous n’avez épargné votre fiancée ; mais je ne pense pas que, dans aucun cas, vous puissiez me rendre plus malheureuse, plus misérable que je le suis maintenant. Il sourit, mais d’un sourire amer et plein de signification,