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Evelyn, de madame d’Aulnay, et, le plus amer de tous, celui de l’indigne major Sternfield se réveillèrent dans son esprit. Tout-à-coup, elle fit un soubresaut de terreur : elle venait d’entendre son nom doucement prononcé, à ne pas s’y tromper, par la voix bien connue d’Audley lui-même.

— Ce doit être une illusion, se dit-elle en essayant de se rassurer, car elle était devenue tremblante. Peut-être est-ce le murmure du vent.

Ah ! encore ! Cette fois, ce n’était plus un jeu de son imagination ; le mot « Antoinette » prononcé d’une voix claire et douce, vint frapper son oreille. S’élançant à la fenêtre, elle plongea au-dehors son regard perçant, et, à travers les branches des acacias qui s’étendaient jusqu’à la maison, elle aperçut une personne de haute taille. Mais, assurément, cet individu caché par un manteau disgracieux et un grand chapeau rabattu ne pouvait être Audley Sternfield, ce type du dandysme élégant. Cependant, le souvenir de ce dont il l’avait menacée, de venir sous un déguisement à Valmont, traversant son esprit, elle n’eut plus de doute sur l’identité du mystérieux personnage qu’elle apercevait à quelques pas devant elle. Se penchant donc en avant :

— Oh ! Audley, qu’est-ce qui vous amène donc ici ? demanda-t-elle d’une voix agitée,

— Ce qui m’amène ici ? est-ce là la seule réception que tu aies à me faire ? répondit-il rapidement et d’un ton où perçait la colère. Te proposes tu de sortir ou