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Laisses moi jouir, aussi longtemps qu’il me le permettra, de l’amour de mon pauvre père, et de ma chère liberté.

— Antoinette, pardonne moi ! s’écria madame d’Aulnay en portant ses bras autour du cou de sa cousine et en fondant en larmes. Combien mes mauvais conseils ont contribué à flétrir ta jeune existence ! Que ne donnerais-je pas, maintenant, pour réparer le mal que j’ai fait ! Que je le déteste, cet être infâme !

— Assez, Lucille, je suis malade, épuisée ; laisse-moi prendre un peu de repos.

Après mille protestations larmoyantes et des caresses sans fin, madame d’Aulnay la quitta ; mais la pauvre enfant passa la nuit sans sommeil et dans un état pitoyable. Le lendemain, malgré la maladie dont elle souffrait, Antoinette persista dans sa résolution et partit.

En passant devant l’église paroissiale, qui n’était pas alors le grand et massif édifice d’aujourd’hui, mais un vieux temple construit en pierre solide, situé presqu’au centre de la Place d’Armes[1], elle ordonna au cocher d’arrêter et mit pied à terre pour un moment.

  1. L’église en question, qui remplaçait le premier temple en bois dans lequel nos ancêtres célébraient le culte, fût bâtie en 1672, et occupait, comme nous venons de le dire, une partie de la Place d’Armes ; elle se trouvait en travers de la rue Notre-Dame qu’elle divisait en deux parties presque égales, obligeant ainsi les passants à faire le demi-tour de l’édifice pour traverser d’un côté à l’autre de la rue. Le cimetière qui lui était contigu occupait l’espace où se trouve l’église paroissiale actuelle, ainsi que plusieurs autres parties de la Place-d’Armes. — Note de l’auteur.