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mains, lui administra deux ou trois bons coups…

« Votre nom, s’écria Barnwell, donnez-moi votre nom, en attendant que je vous fasse traduire devant un magistrat… » — « Le colonel Evelyn, du …ième régiment de Sa Majesté, » répondit-il dédaigneusement en repoussant loin de lui l’aubergiste qui était devenu tout-à-coup craintif et honteux.

— Le colonel Evelyn ! répéta vivement madame d’Aulnay ; mais, mon cher oncle, nous le connaissons très bien.

— Il est à espérer que ce soit le cas ; comme vous avez des relations avec un très grand nombre de ses compagnons contre lesquels on peut trouver à redire, il serait trop déplorable que vous n’en connussiez pas un qui fait tant d’honneur à sa profession. Sur ma parole, ma petite Antoinette, j’aurais pu te pardonner si tu t’étais attirée les hommages de ce brave anglais.

Pauvre Antoinette ! elle venait de recevoir une nouvelle preuve du cœur précieux qu’elle s’était sans doute acquis, mais qui devait être pour toujours au-dessus de ses désirs.

— Et comment as-tu trouvé les chemins ? demanda M. d’Aulnay.

— Il est temps que quelqu’un d’entre vous me fasse cette question. Mon voyage a été plus fatigant qu’aucun de ceux que j’ai jamais faits, et vous savez que j’ai voyagé bien souvent sur la neige et sur la glace.

— Comment cela ? Racontez-nous votre voyage ! dirent simultanément ses auditeurs.