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— En connais-tu quelques-uns, Lucille ?

— Je n’ai fait la connaissance que d’un seul, mais je puis te dire que si les autres lui ressemblent seulement, nous ne regretterons assurément pas autant les braves compagnons du chevalier de Levis. Le Major Sternfield — tel est son nom — et il a mis tout le régiment à ma disposition, m’assurant que ses officiers se rendraient également empressés et agréables, — le Major Sternfield donc est très-joli, de manières polies et courtoises, en un mot c’est un homme du monde accompli. Il s’est fait présenter ici par le jeune Foucher, et quoique de prime abord je l’aie reçue avec un peu de réserve, ma froideur apparente a bientôt cédé au charme de ses manières pleines de déférence et à la délicate flatterie de ses hommages. À toutes ces perfections le charmant homme joint encore celle de parler très bien le français : il m’a dit avoir passé deux ans à Paris. En partant, il m’a demandé la permission de revenir bientôt avec deux de ses amis qui désirent vivement, paraît-il, se faire présenter ici.

— Et qu’est-ce que mon cousin d’Aulnay dit de tout cela ?

— En vrai philosophe, en bon et sensible mari qu’il est, il murmure d’abord, mais finit par se soumettre. Et il vaut mieux pour nous deux qu’il en soit ainsi, car quoiqu’il n’existé qu’une très faible sympathie entre lui et moi — lui, étant un homme positif, pratique et savant,