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vient de me dire que tu lui avais promis de te promener avec lui, lorsque l’excursion fut organisée. Il est très affecté de ce désappointement, en sorte que tu devrais tâcher de le consoler un peu en retournant à la ville avec lui.

Antoinette ne se souvenait pas d’une semblable convention ; mais elle fut heureuse de trouver ce subterfuge pour détourner la colère qu’elle craignait tant.

— Eh ! bien, qu’il en soit ainsi, répondit-elle vivement ; je sais que le colonel Evelyn acceptera cet arrangement aussi volontiers qu’il a accueilli le premier.

— D’ailleurs, fit remarquer celui-ci, je n’ai pas d’autre alternative. Mais quelle sera ma compagne pour le retour, ou plutôt, est-il bien nécessaire que j’en aie une ?

— Certainement, dit madame d’Aulnay. Cette jeune demoiselle — et elle indiquait d’un signe de tête une des jeunes filles en faveur de laquelle elle avait vainement sollicité Sternfield le matin même — cette jeune demoiselle a été jetée à la merci de nos amis par Sternfield qui reprend possession de sa voiture, et elle attend l’arrivée de quelque généreux chevalier qui vienne la sauver de l’abandon général.

— Il y a longtemps que je ne suis plus chevalier, répondit Evelyn froidement ; mais, n’importe, elle sera la bienvenue dans ma voiture.

Cette jeune fille, quoique réellement belle, était la plus affectée et la plus ennuyeuse de la compagnie : on peut s’imaginer dès lors quelles furent les disposi-