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en voici deux qui sont désireuses de partager les gloires et les périls de votre équipage. Qu’en dis-tu, Antoinette ?

La jeune fille fit, en rougissant, un signe négatif de la tête ; mais le colonel Evelyn, sans remarquer ce mouvement, reprit :

— Oh! mademoiselle de Mirecourt est une héroïne dans toute la force du terme ; et si pareil accident devait jamais m’arriver encore, je suis assez égoïste pour désirer l’avoir, alors avec moi : c’est son calme merveilleux qui nous a sauvés…

— Joint à l’habileté et à la présence d’esprit du colonel Evelyn, répondit madame d’Aulnay avec un charmant sourire. Mais qu’en dis-tu Antoinette — continua-t-elle, animée du désir soudain, de punir Sternfield de sa dernière escapade — qu’en dis-tu ? si tu donnais au monde, et particulièrement au colonel Evelyn, une nouvelle preuve de courage en montant aujourd’hui encore dans sa voiture !

— Oh ! faites cela, mademoiselle de Mirecourt, dit-il avec bienveillance sinon avec empressement ; je puis en toute sûreté vous promettre que votre courage ne sera pas soumis à une aussi rude épreuve qu’il l’a été la dernière fois. De plus, ce sera un témoignage que je recevrai avec plaisir, que vous avez oublié et que vous m’avez pardonné les terreurs de cette dangereuse promenade…

— Sans doute elle accepte, interrompit madame