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de vivre tranquilles et retirées tant que je serais à la villes hasarda Antoinette.

— Ainsi faisons-nous et ainsi continuerons-nous de faire, ma très-prude petite cousine : je ne me propose nullement de donner des bals ni des soirées, mais simplement de faire une promenade en voiture pour profiter des derniers beaux chemins. Saint Antoine lui-même n’aurait pu se refuser à cela. Prenez un crayon, major Sternfield, et écrivez un mémoire de ceux que je désire réunir.

Deux ou trois noms furent écrits sans commentaires ; ensuite, madame d’Aulnay proposa le colonel Evelyn.

— À quoi cela sert-il de l’inviter, fit observer Sternfield : il ne viendra pas ; il ne s’est pas rendu à votre invitation la dernière fois.

— N’importe ; faites votre devoir, secrétaire, répondit péremptoirement madame d’Aulnay. Evelyn doit être invité : il a accepté une fois mon invitation.

— Oui, en cette circonstance mémorable où il a perdu les magnifiques chevaux qu’il avait emmenés d’Angleterre, ce qui n’est certainement pas de nature à nous faire jouir une seconde fois de sa charmante société. Et, d’ailleurs, de quelle utilité vous sera-t-il, maintenant qu’il n’a plus d’équipages ?

— Vous êtes absurde, major Sternfield ! répliqua sèchement Lucille. Vous savez aussi bien que moi qu’il s’est récemment procuré une paire des plus magnifiques chevaux canadiens qui soient dans le