Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! ce pauvre Louis ! répondit-elle avec une franchise qui fit disparaître, pour un moment du moins, les soupçons de son mari.

— Pourquoi l’appelle-tu pauvre Louis ?

— Parce que je l’estime, dit-elle en riant et en rougissant légèrement.

— J’espère que tu ne m’appelleras jamais pauvre Stemfield ! répliqua son mari qui, avec sa perspicacité ordinaire, avait deviné que Louis pouvait avoir été autrefois un amoureux d’Antoinette, mais sans espoir.

— Non, non ! dit-elle gravement. Vous, vous êtes d’une nature à inspirer de la crainte plutôt que de la pitié.

— Et de l’amour plus qu’autre chose, j’espère ! ajouta-t-il.

— Assez de cette conversation à voix basse, interrompit en riant madame d’Aulnay. J’appelle maintenant votre attention sur un sujet plus sérieux que vos affaires privées.

— Faites connaître vos désirs, belle dame : je tâcherai de les combler.

Et Sternfield s’inclina gracieusement.

— Eh ! bien, voici. Je voudrais organiser une promenade à la Longue-Pointe ou à Lachine. La saison est si avancée que, dans deux semaines, il ne faudra plus songer aux promenades en voiture d’hiver.

— Mais, il me semble que nous avions promis à papa