Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours, que son mari ne s’aventurerait pas dans quelque démarche téméraire, comme celle de se présenter brusquement chez son père, ou, ce qu’elle avait redouté davantage, d’arriver à Valmont sous un nom supposé et de la forcer à lui accorder une entrevue.

Après le dîner qui fut très-agréable, M. d’Aulnay demanda la permission de se retirer dans sa Bibliothèque. Madame d’Aulnay et sa cousine se trouvèrent seules.

Lucille, qui était admiratrice passionnée des ouvrages de fantaisie de toutes sortes, apporta à sa cousine quelques échantillons de nouveaux dessins. Pendant qu’elle était à lui montrer les beautés d’un cep de vigne qu’elle avait l’intention de reproduire sur le canevas, un grand coup de marteau frappé à la porte fit tressaillir Antoinette.

— Oui, dit Lucille, c’est le major Sternfield : c’est sa manière impatiente de frapper… Mais, mon Dieu ! chère enfant ! comme tes couleurs ont vite changé ! Dis-le moi franchement — et elle scruta encore plus attentivement sa cousine — oui franchement : est-ce l’amour ou la crainte qui te fait tressaillir ainsi ?

— Un peu les deux, répondît la jeune fille en s’efforçant de paraître plus gaie.

Avec une figure toute souriante, Audley entra dans la salle.

Attirant sa femme à lui et la pressant sur son cœur :