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pagna de ces mots : « j’aimerais à y aller, » fut tout ce qu’elle fit pour seconder les efforts de ses amis ; mais, quand bien même elle se serait étudiée à prendre des moyens directs de gagner le consentement de son père, elle n’eût pu en choisir un plus heureux que celui-là. Le calme qui se trahissait sur sa figure et qui atteignait presque l’apathie, ainsi que le souvenir de la sévérité dont il avait fait preuve à son égard lorsqu’il lui avait parlé de son mariage avec Louis, le touchèrent sensiblement et le firent incliner à se rendre à la demande générale. Et puis, la déclaration de madame d’Aulnay qu’elles vivraient dans la retraite du carême, le fait que Louis avait été également invité et pourrait surveiller sa fiancée le décidèrent entièrement.

— Eh ! bien, mon enfant, dit-il en attirant sa fille à lui, puisqu’il faut faire ce sacrifice, faisons-le gaiement.. Mais, quoi ? des pleurs ! s’écria-t-il en voyant Antoinette qui, touchée par sa bonté, par le souvenir de sa propre ingratitude envers lui et par le sentiment de sa propre perfidie, essayait de contenir les sanglots qui s’échappaient de sa poitrine oppressée. Tu pleures, petite ! Qu’est-ce que cela veut donc dire ?

— Ne sois pas aussi enfant, Antoinette ! interrompit madame d’Aulnay avec plus de vivacité que la circonstance ne semblait en demander de sa part. Tu es ridiculement nerveuse aujourd’hui !

— Eh ! bien, c’est toi-même, jolie nièce, qui lui a appris ces mouvements… Mais assez comme cela.