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dant il y a, ce me semble, dans la violence qui le distingue et qui n’est qu’un excès de son amour pour toi, quelque chose capable de le rendre dix fois plus cher à celle qu’il a choisi entre toutes pour être sa femme. Comme est insignifiant l’amour tranquille et philosophe de la plupart des hommes, mis en regard avec sa violente passion pour toi !

Maintenant, quant à ton retour ici, comment pourra-t-il s’effectuer ? Je crois qu’il serait peut-être mieux que j’allasse cette semaine au Manoir avec M. d’Aulnay, que nous te trouvions lui et moi, l’air malade, — ce qui est vrai ou devrait l’être, puisque tu te trouves séparée de celui qui doit t’être le plus cher en ce monde, — et tourmenter M. de Mirecourt à tel point, qu’il finisse par te laisser venir avec nous. Je lui dirai que, nous trouvant dans le temps du carême, j’expie par une entière réclusion la vie mondaine et gaie que j’ai menée jusqu’ici, que par conséquent tu ne rencontreras personne chez moi ; enfin, si ces raisons ne suffisent pas, j’inviterai Louis à être de la partie. Ce dernier argument sera victorieux, car mon oncle supposera tout naturellement que Louis, t’accompagnant à la ville, aura une nouvelle occasion de poursuivre la réalisation de son cher projet de vous marier.

Mais adieu, j’entends la voix de Sternfield qui se fait entendre dans le vestibule ; je dois donc fermer