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Ce fut avec un grand soulagement qu’elle entra dans un petit boudoir destiné à l’usage spécial de sa cousine et qui, en ce moment, était heureusement vacant. Pour se donner quelques instants de solitude, afin de rendre à ses yeux et à sa voix le calme qu’ils devaient avoir, elle accepta avec empressement l’offre que son partenaire lui fit d’aller lui chercher quelques rafraîchissements.

Il avait à peine laissé l’appartement, qu’un bruit d’éperons retentissants avertit Antoinette de l’approche de quelqu’un. C’était le colonel Evelyn qui, contre son habitude, avait accepté l’invitation de madame d’Aulnay pour cette soirée. Sans apercevoir Antoinette, il se jeta sur le canapé d’un air profondément ennuyé. Ses yeux, qui se promenaient autour de la chambre, aperçurent enfin la jeune fille ; il se leva aussitôt.

— Vous ici, mademoiselle de Mirecourt, et seule, encore ! dit-il.

— Je ne fais qu’entrer. M. Chandos est allé me chercher du café et des gâteaux.

Le colonel Evelyn s’aperçut de suite que l’indifférence de ses manières était affectée, qu’il y avait, dans la pâleur de ses joues, dans le frémissement de ses belles lèvres, quelque chose qui rappelait la promenade mémorable qu’ils avaient faite ensemble, et l’intérêt qu’elle avait su lui inspirer alors. Au lieu de s’esquiver tranquillement de la chambre, comme il avait cou-