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Madame d’Aulnay joignît ses prières à celles de son mari, et, après beaucoup de résistance M. de Mirecourt consentit, quoique avec beaucoup de répugnance, à laisser Antoinette une quinzaine de plus à la ville, à la condition expresse qu’après ce temps elle retournerait sans faute à Valmont.

La soirée se passa assez agréablement pour tous ceux qui composaient cette petite réunion. Grâce aux prières de madame d’Aulnay, Louis était resté, et s’efforçait avec elle d’entretenir la gaieté. Antoinette seule était triste et silencieuse : la scène du matin l’avait considérablement affectée. Il n’y fut fait aucune allusion. Une fois, cependant, la jeune fille se pencha vers Beauchesne et lui dît :

— Mon cher, mon bon Louis, comment pourrais-je jamais vous remercier convenablement de votre généreuse intervention dans l’affaire de ce matin ?

— Ah ! Antoinette, vous pouvez me remercier, car cet effort m’a causé des angoisses bien douloureuses. Je ne suis précisément l’amoureux froid et philosophe que votre père veut bien dire… Mais, assez sur ce sujet ; il ne ferait que vous agiter davantage. Qu’il me suffise de vous dire, que puisque je ne puis être vôtre fiancé, je continuerai au moins d’être votre ami.

Les beaux yeux de la jeune fille furent si dangereusement éloquents dans l’expression de gratitude qui s’y peignit, que Louis fut obligé de la quitter ; mais il se rapprocha presqu’aussitôt. M. de Mirecourt suivait