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— Vous me paraissez bien jeune, mademoiselle de Mirecourt, dit-il, et c’est un engagement pour toute la vie que vous allez contracter dans quelques instants : avez-vous bien réfléchi aux devoirs qu’il impose ? avez-vous bien pesé toutes ses obligations ?…

— Votre question me paraît vraiment singulière et parfaitement inutile, monsieur Ormsby, interrompit Sternfield d’un air sombre et courroucé.

— Je ne fais que remplir mon devoir, major, répondit le ministre d’une voix grave et sévère ; ou plutôt, je crains de le dépasser en remplissant la promesse que je vous ai faite. Cependant, puisque je suis ici, si mademoiselle de Mirecourt est encore décidée à contracter ce mariage aussi secrètement et avec tant de précipitation, il ne m’appartient pas de m’y opposer.

En ce moment suprême, Antoinette répéta d’une voix presqu’inintelligible :

— Je suis prête !

Quelques minutes après, les mots solennels « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » étaient prononcés : Audley Sternfield et Antoinette de Mirecourt étaient mari et femme.

Après quelques mots de brèves félicitations, le docteur Ormsby se leva pour partir. En vain madame d’Aulnay le priât-elle de rester pour prendre quelques rafraîchissements ; en vain l’heureux marié lui-même, qui avait complètement recouvré sa bonne humeur, joignit-il ses instances aux siennes : le ministre fut inébranlable.