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brièvement et presque froidement à la bienvenue pleine d’empressement de la maîtresse de céans.

Après le premier échange de politesses, on s’assit. Le ministre se mit à observer d’un œil scrutateur la jeune fille vers laquelle Sternfield était déjà penché. Ni la nuance animée de sa robe, ni la chaleur de l’atmosphère, ni même la présence de son fiancé n’avaient fait naître la moindre couleur sur ses joues ou communiqué la plus légère animation à ses yeux. La physionomie du docteur Ormsby devenait plus sérieuse, son attention plus soutenue, à mesure qu’il continuait cet examen.

Cette scène passablement singulière se serait prolongée si madame d’Aulnay, déjà piquée par le manque de galanterie dont son nouvel hôte, le ministre, faisait preuve en ne tenant aucune conversation avec elle, ne s’était levée en disant :

— Ma chère Antoinette, nous ne devons pas abuser des moments si précieux que veut bien nous accorder le docteur Ormsby.

Antoinette se leva à son tour, et d’une voix sèche, presque vive :

— Je suis prête ! dit-elle.

Madame d’Aulnay alla fermer la porte sans bruit et s’approcha ensuite de la table, autour de laquelle les trois autres personnes se tenaient déjà debout. Pendant un instant, le docteur Ormsby regarda fixement Antoinette ; puis, s’adressant à elle :