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jour tombait. Après avoir, en passant, jeté un coup d’œil dans les salons afin de s’assurer que les lumières étaient bien allumées, elle monta à la chambre de sa cousine.

Antoinette était près de la fenêtre, le front appuyé sur les vitres, comme en contemplation devant la tempête qui sévissait au dehors, devant les énormes flocons de neige qui, poussés par un vent violent, venaient fouetter les carreaux, ou s’amassaient en masses compactes, obscurcissant la terre et le firmament.

Son impatience était jusqu’à un certain point justifiable, car Antoinette portait encore la robe sombre qu’elle avait depuis le matin ; aucun vêtement d’apparat, aucun ruban, aucune fleur n’attestaient par leur présence hors de la garde-robe que la jeune fille eût l’intention de faire une toilette plus riche pour la circonstance. Mais lorsqu’elle tourna vers Lucille son petit visage pâle qui portait l’empreinte des larmes, celle-ci en eut pitié et se crut tenue de la consoler au lieu de lui faire des reproches.

— Viens ici près du feu, mignonne, dit-elle avec bonté, car tu prendrais du froid près de la fenêtre. De plus, il est temps que tu décides comment tu désires être mise ce soir, car il faut que tu paraisses de ton mieux.

La jeune fiancée ne répondit pas, mais l’abattement qui se lisait sur sa figure ordinairement calme et