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homme bon et digne, et insinua en même temps combien légère était la différence des cérémonies.

— Ah ! oui, interrompit Antoinette en frissonnant, pour vous ce n’est qu’une cérémonie, mais pour moi c’est et ce devrait être un sacrement.

— Mais, ma bien-aimée, notre union, si vous le désirez, sera de nouveau célébrée et bénie par un ministre de votre religion dès que M. de Mirecourt aura été informé de notre mariage, ou avant — dès demain — si vous l’exigez. Antoinette, ma chère Antoinette, y a-t-il quelque chose qu’un amour aussi profond que le mien hésiterait à vous accorder ?

Silencieuse mais non convaincue, elle ne fit aucune réponse, car en ce moment l’amour parlait dans son cœur plus fort que les principes.

Après avoir ainsi vaincu toutes les objections, renversé tous les obstacles, Sternfield se mit à faire de nouvelles protestations d’amour et de reconnaissance, sans paraître remarquer, dans l’orgueil de son triomphe, que des pleurs coulaient en abondance sur les joues pâles de la jeune fille et que la petite main qu’il tenait était froide comme glace.

Cette entrevue un peu singulière fut interrompue par l’arrivée de madame d’Aulnay. Un simple coup-d’œil jeté sur la contenance heureuse et triomphante de Sternfield et sur le visage agité de sa cousine suffit à Lucille pour se rendre de suite un compte exact de la véritable situation. À son arrivée Antoinette se