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s’était levée pour aller se préparer à une promenade : Antoinette avait refusé de l’accompagner.

— Eh ! bien, dit-elle, à tout prendre, il vaut peut-être mieux que Sternfield ait cessé ses visités ici, car elles n’auraient eu d’autre résultat que celui de vous rendre tous deux plus malheureux. Dans deux jours au plus tard ton père sera arrivé, et avant un mois tu seras la femme très-aimante et très-obéissante de Louis Beauchesne.

— Jamais ! s’écria Antoinette avec chaleur ; non, jamais ! Je resterai plutôt et mourrai fille.

En ce moment même, son esprit fut frappé par la pensée de l’inflexible volonté de son père. De découragement, elle laissa glisser sa tête sur ses mains appuyées au bord de la table et tomba dans une douloureuse rêverie. De son père ses pensées se portèrent sur le volage Audley qui s’était si tôt lassé de l’attitude suppliante d’un amoureux, et les battements précipités de son cœur à mesure que l’image du bel officier s’élevait dans son esprit, malgré l’irritation où elle était, lui disaient plus énergiquement que jamais qu’en ce moment du moins elle ne devait pas être la fiancée dé Louis.

Le bruit de la porte principale qu’on venait d’ouvrir et qui annonçait l’arrivée de quelque visiteur, ne fit qu’accroître son excitation ; et, comme la porte de la chambre où elle se trouvait n’était pas fermée, sans même lever la tête :