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de confort, malgré les sculptures grossières et les dorures décolorées qui encadrent les portes et les fenêtres, malgré les architraves imitées qui sont disposées le long des murs des différentes pièces, il y a dans cette demeure un cachet de richesse et d’élégance sur lequel il n’est pas permis de faire doute.

De magnifiques peintures à l’huile, des cabinets richement parquetés, des vases antiques et une foule d’autres objets d’art que l’on aperçoit par les portes entr’ouvertes nous confirmeraient dans cette impression quand même nous ne saurions pas que cette maison est habitée par Monsieur d’Aulnay, un des hommes les plus marquants parmi les quelques familles appartenant à la vieille noblesse française qui étaient restées dans les principales villes du Canada après que leur pays eut passé sous une domination étrangère.

Au moment où nous le présentons au lecteur, le maître de céans, — personnage aux traits assez irréguliers, mais à l’extérieur d’un gentilhomme, — était assis dans sa bibliothèque. Les trois murs de cette vaste pièce parfaitement éclairée étaient couverts, du plafond au plancher, de rayons remplis de livres ; quelques bustes et portraits d’écrivains, artistement exécutés, en étaient les seuls ornements. Les solides reliures des volumes, vierges de dorures, indiquaient que leur propriétaire les appréciait plus pour leur contenu que pour leur apparence.

Dans l’amour passionné mais sans affectation qu’il