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informé. Donc passons sur l’Écho de Paris, dans lequel un ami des mieux informés m’assure qu’il n’y a rien à faire pour moi, mais n’as-tu pas l’oreille de quelques autres journaux où je pourrais travailler ?

Je ne suis pas un mendiant. Je suis un homme de lettres connu, et mourant quasi de faim, malade en outre, et qui se demande à quoi lui servent des amitiés, si neutralisées que ça par des comparses. Je n’ose plus te demander rien, sans quoi j’eusse signalé à ta plume ma situation d’auteur, qu’un éditeur [Vanier] retient dans la pauvreté, par des traités que lui-même n’observe pas, et qui ne peut plus rien que, d’une part, provoquer en sa faveur, à lui P. V., une campagne de presse purement contre Vanier, d’autre part, imprimer ses œuvres lui-même, en dépit de tout.

Du moins, puis-je compter sur toi pour ça ? Informe-m’en alors, et envoie-moi les numéros où tu parlerais de ce véritable scandale, affreux et déshonorant pour le pays où il se passe.

Ton
P. Verlaine.
Hôpital Broussais, 31, salle Lassègue.

P. S. — Pourrais-tu me renvoyer, si elle ne doit pas paraître, la nouvelle qui est intitulée : Extrêmes Onctions ?


Je réussis à lui obtenir l’insertion de poésies dans l’Écho de Paris. Il me remercia en ces termes :


Mon cher ami, merci de ta bonne intervention dans l’affaire de mes vers périodiquement publiables à l’Écho de Paris. J’ai vu avec un plaisir double ma première Élégie au dernier supplément. Mais, je te le demande avec une sorte d’anxiété, combien ce sera-t-il payé, en moyenne cent vers, et plutôt plus que moins ? 50 ou 40 francs ? Et, au moins pendant ces deux ou trois semaines, — je vais sortir et ne suis pas bien riche pour une entrée d’hiver, — puis-je compter être payé d’avance, d’après le compte tout fait de lignes ?

Et à qui envoyer les vers, à toi ou Rosati ?

Veuille, je te prie, me répondre le plus tôt possible.

J’espère que mes Élégies II et III paraîtront samedi, puisque c’est annoncé ainsi.