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rait quitter pour de meilleures fonctions, et être plus libre, mais désirerait qu’on ne sût rien ici, naturellement.

Amour va paraître, avec la pièce à toi dédiée. Seras servi un des premiers.

Écris donc un peu à ton
P. Verlaine.

Envoie tes Morts heureuses, quand auras le temps. Quoi de Lebesgue ?


Il sortit de l’hôpital, s’occupa de ses affaires, notamment de la succession de sa mère, écrivit quelques articles pour Vanier, puis, fatalement écœuré, brisé par la vie, accablé par ce deuil récent, étourdi d’isolement, tourmenté par la maladie, inquiet de l’avenir, ne voyant que peu ou point d’amis, ayant rompu avec tous ses camarades de jeunesse, sauf avec moi, qui, malheureusement très occupé, ne pouvais pas lui tenir compagnie, ni passer mon temps à courir les cabarets, il retomba dans son ivrognerie chronique.

Ce fut alors un douloureux cheminement dans Paris ; il traînait sa jambe malade, s’appuyant sur sa canne, mais le torse redressé, la tête haute, légèrement fière, avec un sourire sarcastique, il allait, s’attablant dans les cafés du Quartier latin, et là rimant des vers, écrivant des ébauches de contes en prose, discutant, ah ! discutant trop longuement avec de jeunes poètes qu’attirait sa renommée grandissante. De nombreuses absorptions de liquides funestes accompagnaient ces séances littéraires.

Un beau jour, on ne revoyait plus Verlaine au François Ier, au café Rouge, établissements où il tenait ses assises ordinaires, où il avait sa petite cour, et où un photographe à l’ironie terrible l’a portraicturé avec cette mention générale, rubrique de la série, « Nos Hommes