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Il était maladif, plutôt que malade. Il souffrait de rhumatismes articulaires, héritage paternel, qui gênaient sa marche. Se trouvant seul, sans argent, sans travail régulier, presque sans abri, ou gîtant en des refuges lamentables, comme celui de la Cour Saint-François, elles étaient attrayantes et désirables, les salles claires et propres des hôpitaux. Et puis, avec la sobriété imposée, l’estomac, affranchi de la tyrannie des apéritifs, se réconfortait avec une nourriture, sinon abondante et succulente, du moins saine et régulière. Ces retraites espacées, ces saisons à l’hôpital, lui valaient mieux que les séjours dans la vie libre. Il le reconnaissait ouvertement.

Il aurait pu écrire un petit livre, dans le goût de Mes Prisons et de Mes Hôpitaux, sur ses logis au Quartier, depuis son retour de Coulommes, qu’il eût intitulé Mes Taudis.

Sa mère mourut en janvier 1886. Ce fut un événement douloureux et funeste pour Paul. Il se trouvait désormais tout à fait isolé, sans frein ni appui dans la vie.

La lettre suivante m’apprit la mort de la bonne Mme  Verlaine :


Paris, le 26 janvier 1886.
Mon cher Edmond,

Je suis depuis de longs mois alité, par le fait d’un rhumatisme. C’est pourquoi je n’ai pu t’aller annoncer moi-même, comme je l’eusse fait, la triste nouvelle.

Veux-tu, — je t’en prie ardemment, — dès ceci reçu, me venir voir et causer longtemps avec moi, qui suis encore plus malheureux que tu ne pourrais le croire !

Reçois ma plus sympathique poignée de main, et viens bien vite voir ton ami affectionné.

P. Verlaine.