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sans y avoir fait sans doute d’abondantes libations. Il se rendait chez lui, à Coulommes, et, n’y trouvant pas sa mère, qui avait persisté dans sa résolution de ne plus vivre avec lui, il se transporta chez M. Dane, où il savait devoir la trouver.

Il avait espéré que l’excellente femme avait eu chagrin et regret de sa résolution, pourtant bien explicable, qu’elle avait encore une fois pardonné, et qu’en son absence elle avait réintégré le domicile commun. Sa déception fut vive en retrouvant la maison vide, et son irritation s’en accrut. Quelques rencontres, en descendant du train, accompagnées d’inévitables tournées, surexcitèrent sa colère déjà grande. On lui parla de Dane, qui le chargeait de cent accusations, qui le diffamait, et se vantait de lui avoir coupé les vivres, car Mme  Verlaine ne donnerait plus un sou, ne signerait plus un papier, sans sa présence et sa permission à lui, Dane.

La tête ainsi montée, comme on dit, sous le double éperon de l’alcool et de l’humiliation, il alla frapper chez Dane. Il y trouva sa mère, en effet. Un entretien saccadé, entrecoupé de plaintes, d’apostrophes, de reproches, d’injures et de menaces, eut lieu entre la mère et le fils. Dane y assistait. Il ne fit rien pour calmer Verlaine, ni pour arranger les choses et gagner du temps. Il eût fallu engager Verlaine à rentrer chez lui, à se reposer, et, le lendemain, dégrisé et moins furieux, il aurait pu réitérer à sa mère ses demandes d’argent et son invitation à revenir loger auprès de lui, dans la maison de Coulommes.

Les choses se passèrent plus tragiquement. Verlaine s’oublia-t-il, dans son emportement, jusqu’à lever la main sur sa mère ? Dane l’affirma devant le tribunal. Mme  Verlaine déclara que son fils n’avait exercé sur