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du plaisir qu’il ressentait durant ses vacances champêtres. Un grand nombre de ses poésies, de ses articles, de ses lettres, manifestent un sentiment rustique très vif. Il a rendu avec grâce et avec une sorte de tendresse ses impressions dans les bois, au bord des eaux. Ses descriptions de paysages ardennais, anglais, flamands sont charmantes et d’un ami sincère des arbres, des eaux courantes, des prés verts. Bournemouth, la Semoy avec ses truites, et tant d’autres esquisses paysagistes sont des preuves de ce goût naturiste.

Il aimait surtout la vie rurale. Ceci justifie sa vocation agricole. Mais il ne suffit pas d’avoir la vocation, il faut posséder l’aptitude, il faut l’apprentissage, l’exercice, la pratique et l’expérience. Tout cela lui faisait défaut. Il ne recherchait pas principalement le travail des champs, pour lequel il n’était pas préparé et aux façons duquel il se sentait impropre, mais ce qui l’attirait dans le séjour à la campagne, dans la grande et brutale campagne et non dans les régions de villégiature ratissée, c’était la promenade vague, sans but déterminé, à travers champs, hors des sentiers. Il aimait à fouler l’herbe brûlée des friches, à écraser les chaumes sous ses pieds solidement ferrés. Il marchait large et lourd dans les mottes de terre, à la paysanne. Il avait chasse dans sa jeunesse. En son âge mûr, au bord de la Semoy, il lui plut de tenir une ligne à la main, mais il fumait et rêvait, allongé, à l’ombre, dans quelque creux de la rive, laissant souvent échapper le poisson suceur. Ce qu’il goûtait par-dessus tout, dans la vie rustique, c’était les allures libres, les vêtements vieux où l’on est à l’aise et portés sans façon, les repas plantureux, les causeries au coin de l’âtre, et puis les chopes renouvelées à l’estaminet, et les gouttes avalées en passant au cabaret, ami