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encore incontesté, était une pose et une sorte de sacrilège. Verlaine s’abandonnait à une messe noire poétique. Je ne puis le croire sincère en ces attentats de l’esprit. Il descendait au niveau d’un hystérique dément qui entreprendrait, à forfait, la démolition des statues.

Ô mon cher Paul, si les poètes trépassés entendent, par delà le tombeau, les louanges ou les blâmes que leur décernent les survivants, tu peux t’étonner de cette protestation, que tu devrais reconnaître très sincère, mais, dans ces pages, consacrées à ton œuvre et à ta mémoire, exécutant ta volonté, manifestée à l’heure où tu croyais en avoir fini avec la vie et avec les méchancetés des vivants, je me suis promis de ne rien cacher de tes défauts, de ne rien effacer de tes fautes, de ne rien taire de ce que tu fis ou écrivis de blâmable, mettant parallèlement en lumière tes qualités, tes talents, tes souffrances, tes mérites. Cette protestation, je te l’ai fait entendre, alors que tu étais parmi nous, et tu n’as pas oublié comment j’ai répondu à ta plaisanterie, ou du moins par moi jugée telle, de Gastibelza, chef-d’œuvre d’Hugo. Je t’ai envoyé l’Ami de la Nature, que tu venais de me confier pour une amusante citation, et, en reproduisant la « strophe » du début :


J’crache pas sur Paris, c’est rien chouette.
Mais comm’ j’ai une âme d’poète,
Tous les dimanch’s j’sors de ma boîte,
Et j’m’en vais avec ma compagne
          À la campagne !


j’ajoutai : « Plus beau que le sonnet de la Maintenon, jetant sur la France ravie l’ombre douce et la paix de ses coiffes de lin ! Plus touchant que l’apostrophe à « celle qui n’eut pas toute patience et toute douceur ! » Cela durera plus dans la mémoire des hommes que les