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pas retomber dans les désordres anciens. Il avait comme fait le serment de ne plus s’enivrer. Donnerait-il un démenti au proverbe sceptique sur la durée de ces promesses-là ? À Paris, où les tentations sont partout, il ne pouvait gaarantir l’affirmative. Il doutait de sa force de résistance dans ce milieu de facile perdition. Il avait le langage et la pensée du frais converti, du néo-chrétien qu’il était devenu. La vie oisive et vagabonde abandonnée pour toujours, les dissipations et le cabaret évités, même par la fuite, et le travail régulier et honorable sans repos et sans plaisir, voilà ce qui attesterait à tous, à sa mère, aux anciens amis, aux indifférents, — qui sait ? peut-être à la Séparée, vers laquelle toujours revolait sa pensée, — la sincérité de sa repentance et la fermeté de sa nouvelle vocation.

Donc existence à part, hors Paris autant que possible, et travail donnant la pitance et le couvert, tel était le problème à résoudre. Il sut parfaitement en poser les termes, et il en trouva la solution, avec une décision dont il ne devait que bien rarement donner l’exemple.

La difficulté se compliquait ainsi : il voulait trouver un emploi et, en même temps, éviter d’être exposé aux sollicitations de l’estaminet et de la rue. Ce fut cette condition même qui l’inspira. Il avait examiné ses moyens de travail. Tout ce qu’il avait à sa disposition comme gagne-pain, outre son diplôme de bachelier, c’était un peu de latinité, repassée en prison, et une connaissance déjà assez étendue de la langue anglaise. Il résolut d’en tirer parti. Le problème était résolu. Il se sentit capable de donner des leçons, mais il entendait que ce fût dans une institution. Il se trouverait retenu. Il ne craignait point le défaut de liberté. Il s’était accoutumé à la claustration, à Mons. Il chercherait donc un établissement où