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adresse, et recommander Gustave à tes soins. Écris m’en vite et presse l’ouvrage.

Dès que les intentions de l’imprimeur seront connues, macte animo, generose puer.

Donne cette adresse à Blémont, si tu le vois, et à la Renaissance.

Amitiés, et toi bientôt une autre lettre.

P. Verlaine.


8, Great College Street, Camden Town N. W.


J’avais reçu le manuscrit des Romances sans paroles, écrit tout entier de la main de Verlaine, sur des feuilles de papier à lettres, inégales, cependant en général assez soignées et propres, sans dessins, ni fusées, ni renvois, comme à l’ordinaire se trouvaient surchargées ses missives. Il avait recopié et s’était appliqué, se souvenant de l’époque où, élève émérite d’un disciple de Brard et Saint-Omer, il m’annonçait triomphalement qu’il venait de passer « son examen d’écriture » à l’Hôtel de Ville.

Ayant lu, avec un intérêt facile à comprendre, le précieux « manusse », j’envoyais au poète impatient mes félicitations, en annonçant pour plus tard des observations, des réserves, notamment quant à certaines innovations, en matière de rimes, de césures, d’assonances, qui alors pouvaient paraître hardies.

Il me répondit aussitôt :


Cher ami,

Je suis enchanté que mon voluminet t’ait plu, malgré ses hérésies de versification. Je te prépare bien d’autres déconcertements, si l’affreux état de ma santé me laisse encore assez vivre pour ébaucher l’œuvre dont je te parlais l’autre jour.

À vrai dire, je n’en suis pas mécontent, quoique cela soit bien en deçà de ce que je veux faire. Je ne veux plus que l’effort se fasse sentir, et je veux en arriver, une fois mon sys-