blié ces vilaines gens, je me referai une tranquillité, et qui sait ? peut-être un ménage. Dame ! on m’autorise à toute revanche.
Je ne vois pas, après avoir tant souffert, tant supplié, tant pardonné, alors qu’on m’attaque monstrueusement, qu’on offense ma sainte mère, et qu’on la blesse dans toutes ses affections, avec toutes les ingratitudes, je ne vois pas pourquoi je renoncerais aux joies d’un ménage honnête, bien que M. le maire de Montmartre n’y ait pas passé. Il y a seulement trois mois, je n’eusse pas parlé ainsi, mais depuis, tant d’offenses m’ont désabusé, tant de masques ont été jetés, tant de perfidie s’est cyniquement dévoilée, qu’en vérité je crains que tout ne soit bien fini, et qu’il ne me reste plus, sauf un quasi miracle, que je n’invoque même plus, dégoûté que je suis de croire encore, qu’à prendre mon parti en brave et honnête homme bafoué, mais qui saura un jour mesurer sa douleur à son définitif mépris.
Me voici, diras-tu, bien enfoncé maintenant dans l’Anglicisme, pour avoir commencé par dégobiller sur ce pays-ci tant de griefs (légitimes en partie). — Mon Dieu ! voici. Je te parlais, je crois, dans une de mes dernières lettres, de ma recherche de ce qu’il pouvait y avoir de bien ici. Je crois avoir trouvé : c’est quelque chose de très doux, d’enfantin presque, de très jeune, de très candide, avec des brutalités et des gaietés amusantes et charmantes. Pour trouver cela, il faut percer bien des puits artésiens, surmonter bien des préjugés, bien des habitudes ; — évidemment, ces gens-ci ne nous valent pas ; ils sont moins bons que nous, en ce sens qu’ils sont trop chauvins, et d’une désespérante spécialité d’âme, de cœur et d’esprit. Mais leur spécialité est exquise, et même, il y a, dans cette espèce d’égoïsme, une très grande candeur, je le répète. Leurs ridicules n’ont rien d’odieux. La famille, qui est stupide en France, parce qu’elle est faible, est ici tellement organisée que les plus bohèmes s’y laisseraient prendre. — Ces observations résultent de tout ce qu’il m’a été donné d’entendre dire, et même chanter, dans les cafés-concerts, mine admirable, en tous pays, d’information sur le vif, n’est-ce pas ? et aussi de tout ce que j’ai appris chez les quelques gens que je connais — ici. Il va sans dire que c’est sous toutes réserves, et sauf plus amples études, qui pourraient modifier mon dire, que je te griffonne ce petit morceau édifiant.