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VIII

LA RUPTURE. — ARTHUR RIMBAUD
(1871-1873)

La Bonne Chanson ne devait se chanter qu’une saison. Les épithalames sont des poèmes courts et de circonstance. Nous avons déjà indiqué les premiers grondements domestiques, avant-coureurs de violents orages, et du cyclone final, qui devait balayer le bonheur conjugal et la vie de famille du poète.

Je suis loin de blâmer entièrement la femme, à la fois adorée et maudite, du « veuf » légal et je reconnais que mon ami eut de grands torts. Mais, comme le lui reproche la stance douloureuse des Romances sans paroles, elle n’eut pas assez de patience, pas assez de douceur. Verlaine était aisément gouvernable, et facilement il pouvait être ramené au calme, au travail régulier, à l’existence ordonnée et paisible. Il est difficile à une femme, pour laquelle l’époux ne témoigne qu’indifférence, et à laquelle il a souvent donné des remplaçantes accidentelles, ou, ce qui est plus grave, une rivale permanente et attitrée, de reprendre le mari qui lui échappe, et de rétablir la paix dans l’intérieur. Mais Verlaine adorait sa femme. Plus encore : il la désirait. Elle aurait