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VII

LE MARIAGE. — LA BONNE CHANSON
(1869-1871)

Verlaine n’a eu qu’un seul véritable événement dans sa vie. Il a passé son existence en marge des choses grandes, et même petites, de son temps. Républicain, il ne se mêla à aucune des ébauches de conjurations, à aucune des agitations, à aucun des mouvements d’étudiants si fréquents durant les dernières années de l’Empire. Il fut pas de l’affaire dite du « Café de la Renaissance ». Lui, qui n’avait pas les cafés en horreur, ne fréquenta jamais ni la Brasserie Serpente, ni la Brasserie Glaser, ni même le Café de Madrid, endroits où se réunissait la jeunesse hostile au régime impérial, et où l’on était exposé à des bagarres violentes, à des procès comme celui des Treize, aux arrestations arbitraires, perquisitions, charges d’agents, et même à l’emprisonnement préventif à Mazas, suivis d’une poursuite pour complot et haute trahison devant la Haute-Cour, siégeant à Blois. Il a circulé, sans s’y mêler, au milieu de tous ces tourbillons politiques. Patriote, il ne fit la guerre que de loin, presque en spectateur, et il monta la garde pour ainsi dire dans un fauteuil. Bien que vivant à Paris, pendant le terrible siège, il ne prit aucune