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injustifiées. Prescience de l’avenir sans doute. Il était le plus insouciant garçon, et le plus exempt de tristesses et de déboires des fils de bourgeoisie, quand il écrivait ce petit poème Chanson d’Automne, qui semble postérieur et détaché des Romances sans paroles :


Les sanglots longs
Des violons
De l’automne,
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens,
Et je pleure ;

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
De çà, de là,
Pareil à la
Feuille morte,


Verlaine, à cette époque (1864-65), n’était fouetté par aucun vent mauvais. La douleur qu’il prétendait éprouver n’était que conception d’artiste. Cet heureux état d’âme ne devait pas durer, mais on ne peut considérer ces plaintes, au moment où l’artiste les rythmait, que comme des pressentiments, sinon des fictions, des matières « admirables à mettre en vers latins » ou français, comme disaient l’évêque Afranus et nos maîtres de rhétorique.

Voici une autre pièce, inédite, datant de la même époque, d’un pessimisme plus doux, mais qui témoigne